RESCUE I, 2022 © Nicolas Fournier / Photo : Claude Cortinovis
Nicolas Fournier

RESCUE I, 2022, Huile sur toile © Nicolas Fournier / Photo : Claude Cortinovis

NICOLAS FOURNIER, Fondation Louis Moret

17.03 – 28.04.2024

L’exposition monographique dédiée au travail de Nicolas Fournier réunit une cinquantaine d’œuvres récentes (huiles sur toile et œuvres sur papier), dont la plupart n’ont pas encore fait l’objet d’une présentation publique. Des bribes de récits se juxtaposent et dialoguent dans un accrochage conçu comme un réseau visuel, nourri de références à l’actualité, à la science ou à la fiction. Une invitation à réinventer les images et les imaginaires.

« Après avoir évolué essentiellement dans la pratique de l’installation et du dessin, depuis une dizaine d’années Nicolas Fournier s’est découvert peintre. Cette rencontre avec la peinture a marqué pour l’artiste un passage décisif, voire bouleversant et a convergé vers un intérêt pour le monde minéral, en particulier pour le phénomène des météorites, leur impact sur la croûte terrestre et sur les acteurs qui gravitent autour de leurs découvertes.

Les images que l’artiste glane et dont il s’empare de manière très intuitive dans ses observations sur le terrain ainsi que dans les médias – presse écrite ou internet – sont ses sources privilégiées, modèles qu’il retranscrit ensuite en peinture de manière « réaliste », utilisant souvent le même cadrage et la même perspective. L’accrochage conçu pour les espaces de la Fondation Louis Moret alterne entre les lignes de force de quelques grands formats et des ensembles plus denses, où les peintures créent des parcours et se font écho, régies par des connexions formelles ou implicites, formant un grand et unique réseau.

Si le sujet est un déclencheur – missions dans l’espace, barrage, carrière d’exploitation, saline, fouille archéologique –, il finit par nous conduire ailleurs. En entretenant une familiarité avec l’actualité et avec l’avalanche d’images qui caractérise l’époque contemporaine, la peinture de Fournier nous place au premier abord dans le rôle du témoin ou du voyeur. Si elle nous donne l’illusion d’avoir une maîtrise sur les faits, de les considérer d’une froideur objective, elle nous transmet rapidement un sentiment de déroute et d’«intranquillité». Par le geste pictural et par une extraction des images d’un flux continuel et banalisant où elles auraient fini par disparaître, dans leur réapprivoisement et rematérialisation, au travers d’un autre médium, l’artiste choisit de les faire vivre et parler autrement. Ces images ne seraient-elles pas là pour nous dire que nous ne sommes pas obligés de croire à ce qu’elles racontent ? Que bien au contraire, tout cet affolement de l’être humain, entre découverte et exploitation, aurait peut-être quelque chose d’absurde, voire d’aberrant ?

Tout en nous plongeant dans une atmosphère d’apocalypse ou de catastrophe, dans un état superficiel d’attente et de mystère, la peinture de Nicolas Fournier possède une profondeur qui ne se dévoile qu’à une deuxième « écoute ». Elle semble vouloir nous dire qu’elle est là avant tout en tant que « peinture », libre de toute autorité. Sous des dehors codifiés et figuratifs, elle déploie le potentiel de réactiver les imaginaires, de creuser dans sa propre histoire, de tisser des liens, de découvrir un portrait de soi dans la constellation infinie de l’univers. »

Antonia Nessi, mars 2024

Exposition du 17 mars au 28 avril 2024, du mercredi au dimanche de 15h à 18h. Entrée libre.

L’artiste sera présent à l’exposition les 17, 23 et 31 mars, ainsi que pour le finissage du dimanche 28 avril 2024.

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