SUPERCALIFRAGILISTIC

Vient de paraître:
Alexandra Roussopoulos, Forma Fabulis
Textes de Brooks Adams, Elisabeth Lebovici, Natacha Nataf, Emmanuelle Lequeux
Entretien avec Marie-Fabienne Aymon
Les Cahiers dessinés, Paris 2011

Alexandra Roussopoulos revient avec un livre, Forma Fabulis – un projet de Frederic Pajak réalisé par Léa Lund, édité aux Cahiers dessinés – et une exposition Supercalifragilistic, deux invitations à suivre les avatars et les conquêtes d’une peinture « libre et mobile ».

Alexandra Roussopoulos peint sur des toiles tendues sur châssis qu’elle fabrique elle-même; elle en a rogné les angles et creusé les flancs et ses peintures se présentent comme des objets aux contours très dessinés. Elastiques et bondissantes, presque liquides, fuyant ou surgissant devant nous selon les points de vue, des formes souples peintes en rose, vert ou bleu, se glissent et ondulent sur les murs, décrivant ainsi un rapport fluide à l’espace. Généalogie de la forme est un petit film d’animation qui synthétise en 1′ quelques années d’avatars de châssis.

Si ce contour sans heurt est le corps de la peinture, la surface peinte est sa peau; presque blanche, vivante et imparfaite, elle repousse la couleur sur les bords et la tranche de la toile, teintant délicatement le mur par réverbération. Derrière ce minimalisme silencieux se cache cependant un colloque; le fond des toiles est préparé d’un solide collage de pages de magazines féminins destiné à être recouvert par la peinture, monochrome et synthétique.

Les formes fluides de la série Libres et Mobiles réapparaissent dans les Espaces inventés en d’utopiques architectures peintes à la gouache sur papier. Elles surgissent sur des cartes postales, une page imprimée, s’incrustent sur photo ou encore s’animent dans des videos (réalisées avec l’aide précieuse de Camille Cottagnoud)..

Supercalifragilistic…Alexandra Roussopoulos conduit sa forme fluide partout où elle la rêve, l’introduisant dans l’histoire de l’art, l’histoire sociale, les photos de famille, en hommage, en écho, en souvenir et en spectatrice. Elle estampille le réel pour en extraire des fictions, convoque les acteurs de sa vie et les figurants de sa mémoire, recompose le monde, joyeux et légèrement inquiétant, joue l’art et la vie à la baguette magique.

Marie-Fabienne Aymon