Gravure

La Fondation Louis Moret présente une sélection de 35 gravures datées de 1996 à 2001, éditées à Paris chez Catherine Putman – eau-forte au trait en noir et en couleur, pointe sèche, aquatinte – représentatives de certains aspects d’un important travail sur l’estampe qui comprend également la gravure sur bois et la linogravure, entrepris par l’artiste dès 1996. Parallèle et complémentaire à sa peinture dont les thèmes sont communs, et à sa sculpture à laquelle certains gestes s’apparentent, la gravure est une recherche de clarification, de simplification directe des problèmes posés par la peinture. Habitée par une force d’expression à laquelle aucune convention ne se plie, l’œuvre de Georg Baselitz est hétérogène, inclassable, marquée à la fois par une grande culture de l’histoire de l’art – sa passion pour les maniéristes du XVIè siècle, l’art africain et les romantiques allemands – et par une souveraine liberté d’interprétation qui provoque admiration et désarroi.

La distance avec le sujet même de l’image, qu’elle soit peinte, dessinée ou gravée, est garantie par le principe de renversement de la figure qu’il adopte en 1969. « L’art ne comporte pas d’information. Il n’est utilisable que comme objet de contemplation » écrit Georg Baselitz. Ici aussi il montre le monde à l’envers. Figures, nus, aigles et cerfs, érotiques, autant de motifs traditionnels de l’histoire de l’art qui, présentés ainsi, se voient vidés de leur contenu et de l’idée qu’on s’en fait. Reste une imagerie puissante qui engage le spectateur dans une lutte tendue entre sa propre logique visuelle et la force du geste qui imprègne l’œuvre.
MFA