FRANÇOIS PONT

Lagune , 2019, pointe sèche sur chine rehaussé, 59×83 cm, © F. Pont

FRANCOIS PONT, Fondation Louis Moret

13.10 – 15.12. 2019-09-25

C’est en ami et tout naturellement que François Pont revient à la Fondation Louis Moret. Pour sa quatrième exposition en ces murs, il présente une série d’œuvres graphiques (gravures et dessins), témoignage d’un parcours cohérent et sans cesse renouvelé, entre passé et présent.

Partageant sa vie depuis à peu près quarante ans entre Londres et Saint-Pierre de Clages, François Pont a fait du nomadisme, de l’enracinement et du déracinement perpétuels, une condition. À tel point que le mouvement accompagnant ces traversées entre île et continent se retrouve dans son travail artistique où la notion de gestualité occupe une place primordiale. L’art de la gravure et l’art du jardin, au cœur de sa vie depuis d’innombrables années, constituent les « étoiles fixes » de ce cheminement, tels des  fondamentaux qui s’enrichissent mutuellement et reflétent une manière d’être au monde. La main et l’œil sentent avec la même intensité les potentiels de développement d’une image ou d’un végétal, structurent et soutiennent sans brider, s’aventurent dans la terre ou sur la plaque en cuivre, connaissent les outils et les matières, mais savent aussi les oublier pour saisir le hasard du moment. Comme les fleurs spontanées qu’il sème, François Pont pratique et conçoit la gravure : avec la conscience que la liberté est fille de la rigueur et que la spontanéité coïncide avec un instant de grâce, caduque. A contre courant de son époque et des tendances de l’art actuel, celui de François Pont s’inscrit dans un langage et une sensibilité proches de l’expressionnisme abstrait des années 1950 et est proche d’une conception lyrique, sublimée, de la nature. Tout en étant dénuées de toute référence figurative ou anecdotique, ses œuvres évoquent souvent une idée de paysage, à la fois terrestre, maritime, mental et émotionnel : un territoire précaire et mouvant. Régie par des forces contradictoires et complémentaires, l’œuvre de François Pont fait se côtoyer construction et chaos, passion et discipline. Les étapes, les temps de réflexion que la gravure impose – dessin, encrage, essuyage, impression – deviennent alors les prémisses  nécessaires pour retrouver un élan vital, sans cesse guetté et sans cesse égaré.

 

Antonia Nessi, septembre 2019