Les vers du capitaine – Los versos del capitàn
Pablo Neruda
Avec des musiques populaires d’Amérique latine et d’Espagne
et des compositions de Julio Azcano et Sylvie Arlettaz Jori
Frédéric Mudry, récitant
Sylvie Arlettaz Jori, chant
Julio Azcano, guitare
Organisation
Sylvie Arlettaz Jori pour les Jeunesses Musicales
Réservations: 027 722 23 47
Programme
Acte I : La naissance de l’amour
En ti la tierra – En toi la terre
Chant : Arroyito campesino, petit ruisseau champêtre, rythme de bambuco (Mejía, Colombie)
Epitalamio – Epithalame
Chant : Agitando pañuelos – En agitant des foulards (zamba argentine, Abalos)
Acte II : L’amour prédateur
El tigre – Le tigre
Guitare, Julio Azcano,
L’amour du soldat – El amor del soldado
Anda jaleo (musique populaire transcrite par Federico García Lorca)
Acte III : La blessure
El daño – Les blessures
El pozo – Le puits
Tangos : Fuimos (Dames/Manzi) et Nostalgias (Cadicamo/Cobian)
Acte IV et épilogue : L’amour universel
Lettre en chemin – La carta en el camino
Chanson: L’âme vagabonde (texte et musique de Sylvie Arlettaz Jori, arrangement de Julio Azcano
A propos de Los Versos del Capitan de Pablo Neruda
Un flou mystérieux flotte autour de ce magnifique recueil de poème de Pablo Neruda. Une première édition, datée du début des années 1950, présente en effet une lettre-préface signée de la main de Rosario de la Cerda, chanteuse à qui auraient été dédiées ces vers passionnés et remplis de sensualité:
«Cher Monsieur, Je me permets de vous envoyer ces papiers qui, je crois, vous intéresseront et que je n’ai pu jusqu’à présent rendre publics. […] Ma personne n’a pas d’importance, mais je suis la protagoniste de ce livre, ce qui me rend fière et satisfaite de la vie. Cet amour, ce grand amour, est né un certain mois d’août, au cours d’une de ces tournées que je faisais en tant qu’artiste dans les villages de la frontière franco-espagnole. Il arrivait, lui, de la guerre d’Espagne. Non en vaincu. Son parti était celui de la Pasonaria, il était plein d’illusion et d’espoirs pour son lointain petit pays en Amérique centrale. Je regrette de ne pouvoir indiquer son nom. Je n‘ai jamais su quel était le vrai, s’il s’agissait de Martinez, de Ramirez ou de Sanchez, Je l’appelle, moi, simplement, mon Capitaine, et c’est le nom que je veux conserver pour ce livre. Ces vers sont à son image : tendres, épris, passionné, et terribles dans leur colère. Il était fort et sa force, tous ceux qui l’approchaient, la ressentaient. C’était un de ces hommes privilégiés qui naissent pour les grands destins. Je percevais sa force et mon plus grand plaisir était de me sentir toute petite à ses côtés»
Dans «J’avoue que j’ai vécu», mémoires achevées quelques jours avant sa mort en 1973, Pablo Neruda explique la paternité retardée de cette oeuvre:
«Et maintenant je vais vous raconter l’histoire de ce livre, l’un des plus discutés que j’ai écrit. Ce fut durant longtemps un secret, durant longtemps mon nom n’apparut pas sur sa couverture, comme si je le reniais ou comme si lui-même n’avait pas su qui était son père. De même qu’il existe des enfants naturels, des enfants de l’amour naturel, Les Vers du Capitaine était un livre naturel. Les poèmes qui le constituent furent écrits ici et là et jalonnent mon exil en Europe. Ils furent publiés anonymement à Naples, en 1952. L’amour pour Mathilde, la nostalgie du Chili, les passions civiles emplissent les pages de ce recueil dont un certain nombre d’éditions demeurèrent sans nom d’auteur. […] Quelques critiques méfiants attribuèrent des raisons politiques à l’anonymat du livre. « Le parti s’y est opposé, le parti ne l’approuve pas », dirent-ils. C’était faux. Par bonheur, mon parti ne s’oppose pas à l’expression, quelle qu’elle soit, de la beauté. La vérité est que je n’ai pas voulu pendant longtemps, que ces poèmes blessent Délia, dont je me séparais. Délia del Carril, très douce passagère, fil d’acier et de miel qui lia mes mains dans les années sonores, avait été pour moi pendant dix-huit ans une compagne exemplaire. Ce furent là les raisons profondes, personnelles, respectables — et les seules — de mon anonymat.»
Frédéric Mudry
Après avoir obtenu un diplôme de théâtre au Conservatoire de Lausanne en 2002, il s’est produit régulièrement dans toute la Suisse romande, partageant son temps entre l’interprétation de rôles, la lecture d’ouvrages, la mise en scène, et les créations. Parmi les nombreuses pièces qu’il a interprétées ou mises en scène, on retrouve notamment Equinoxe, mise en scène de Fred Mudry à Sion (mai 08), Le Livre de Tempête d’Yves Robert, mise en scène de Julien Baroche à Sion (sept.08), Le mal court d’Audiberti, mise en scène de Raoul Pastor à Genève (nov.déc.08), Cendre de cailloux de Daniel Danis, mise en scène d’Armand Deladoe à la Grange de Dorigny (février 09), Fin de Bal de Valérie Poirier, mise en scène de Martin Pachoud au théâtre de Poche à Genève (avril 09), Le château de Kafka mise en scène de Pasquier-Rossier à Nuithonie, Arsenic, St-Gervais (oct-nov 09). En 2002, il a fondé la Compagnie Gaspard. Il est lauréat de la Bourse Migros, Fondation Ernst Göhner, et du Prix culturel de la ville de Sion. Son style passionné, généreux et sensible font de lui un interprète recherché pour les rôles phares tels que Pablo Neruda.
Sylvie Arlettaz Jori
Après un diplôme d’enseignement du chant au Conservatoire de Lausanne, en 1993, Sylvie Arlettaz Jori reçoit la bourse Migros pour jeunes chanteurs et se perfectionne à la Musikhochschule de Stuttgart, dans la classe de Silvia Gestzy. De retour en Suisse, elle se produit en soliste (musique classique) et commence à travailler un répertoire espagnol et sud-américain avec le guitariste d’origine chilienne Andrés Tapia (Duo Cadencia). Leur CD « Corazón al sur » (2002) est salué par la critique. En 2000, elle fait partie d’un projet de musique électro-jazz (Improove) avec le batteur Christophe Fellay (Festival Jazz d’Atlanta, 2001). Sylvie Arlettaz Jori privilégie les projets artistiques mêlant poésie, musique et peinture. Depuis dix ans, elle organise « L’heure d’évasion », dans le cadre des Jeunesses musicales de Martigny, offrant à des artistes l’opportunité de réaliser leurs propres créations. Elle écrit elle-même des poèmes qu’elle illustre de dessins et de pastels (Exposition « Etoile de sang », galerie des pinsons, Fully, mai 2010) et compose ses propres chansons (musique et texte).
Julio Azcano
Guitariste argentin, installé à Lucerne depuis 2004 où il enseigne la guitare. Il a été formé en Argentine, notamment avec Eduardo Isaac (guitare classique) et Pino Marrone (Jazz et improvisation). Très jeune, il s’est produit avec les plus grands guitaristes de son pays, notamment Quique Sinesi, Juan Falù, Pablo Marquez, etc. Il a approfondi ses connaissances jazz en obtenant un diplôme à la Hochschule de Zurich. Son jeu possède une magnifique palette de couleurs, héritage d’un grand travail technique dans le classique et d’un grand investissement dans la musique populaire de son pays d’origine et le jazz. Son esprit éclectique lui a notamment ouvert les portes des USA, du prestigieux festival de guitare « Guitarras del mundo » en Argentine. Il possède un Quartett avec le flûtiste jazz autrichien Günter Wehinger, travaille avec le contrebassiste tango Juan Pablo Navarro, le percussionniste Claudio Spieler et le guitariste Quique Sinesi. Avec le luthiste Taylan Arikan, il a composé la musique de son dernier CD « Ayres », qui remporte un grand succès, notamment au Festival de la guitare de Lausanne, mai 2010.